L'ancienne ville fortifiée sur le Couesnon
La plus ancienne mention authentique que nous connaissions de Pontorson est dans un acte de 1031, dans lequel Havoise, Haduissa, mère d’Alain, duc de Bretagne, donne : « Quoddam molendinum fitum apud Pontem Ursi ». Toutefois, selon Monsieur TANGUY, en 1014, Richard II donna la ville de Pontorson et la moitié de Dreux à Mathilde, sa sœur. Le duc Robert, père du Conquérant, bâtit le château et l’église de Pontorson, et fit de cette forteresse un des anneaux de cette chaîne de défense contre la Bretagne qu’il établit depuis le Mont-Saint-Michel jusqu’à Saint-Hilaire. Henri Ier, fils du Conquérant, fit rebâtir, en 1135, « ex integro in margine provinciae », le château de Pontorson, d’après Robert du Mont.
En 1137, Geoffroy d’Anjou, se préparant à assiéger cette place, vit venir à lui les habitants qui lui en apportaient les clefs : il y reçut les seigneurs bretons qui reconnurent son autorité, et lui proposèrent de se charger de la garde de la ville. Henri II fit réédifier le château, selon le même témoignage : « Rex perrexit ad Pontem Ursonis et divisit ministris suis et ordinavit quomodo castrum illud reedificaretur ». En 1171, il fut détruit par le feu : « An. 1171 castrum Pontis Ursonis combustum est » dit le même chroniqueur. C’est sans doute à la suite de cet incendie que l’église fut rebâtie. En cette année, Henri II resta quinze jours à Pontorson pour préparer son expédition contre les Bretons. Le même prince donna, comme nous l’avons dit, une charte relative aux églises de Pontorson, dans laquelle on remarque ce passage : « Quare mando vobis quod si epus Abr. eis aquam benedictam ad opus illarum ecclesiarum dare noluerit, vos ipsos eis dare ne eeclesie castelli mei quod nuper firmavi sine officio divino permaneant ». En 1162, Aquilin du Four, le gouverneur, fut chassé par les habitants qui se plaignaient de ses pillages. Le roi Henri II remit ce titre à Robert du Mont, abbé du Mont-Saint-Michel. C’est à Pontorson que ce prince arrangea sa trêve avec Guiomark.
Dans les XIIe siècle, Pontorson formait une Prévôté, « Praeositura », qui relevait du roi. Les Comptes de l’Échiquier pour 1198, nous font connaître les dépenses faites, au nom de Henri II dans cette Prévôté, qu’un compte anglais, W. de Salisbury, avait possédée à titre de ferme royale. En cette année l’exécution de la justice y avait coûté 2 liv. 9 s., et certaines sommes avaient été accordées pour des réparations : « In reparandis pontibus et calceia et domibus castri de Ponte Orsonis ». Isabelle ou Elle, fille de W. de Salisbury, fut mariée par le roi à son frère naturel, dit W. Longue-Épée, qui posséda dès-lors les biens de sa femme en Normandie. Les termes du rôle de 1198 prouvent qu’il avait tenu Pontorson du droit de la couronne. Sous le règne suivant, des terres lui furent assignées en Angleterre pour la place de Pontorson jusqu’à la valeur de 1 300 liv., et le roi rentra en possession de cette place. Les Salisbury revinrent quelques siècles après reconquérir leurs domaines primitifs, et Shakespeare put dire à Henri V : « Et vous, Salisbury, vous aurez reçu de profondes blessures dans les champs de la France et teint de votre sang les plaines de la Normandie ».
Le château de Pontorson figure dans un Rôle de l’Échiquier pour 1195 : « G. Duredent reddit compotum in liberatione 10 servientium peditum morantium ibidem de eodem termino 32 liv. 5s. ». Dans le XIIIe siècle, dans la conquête de Philippe-Auguste et les guerres de la minorité de Saint-Louis, Pontorson dut être le théâtre de plusieurs affaires. Toutefois, nous n’avons pas de documents précis sur cette période. Nous trouvons pour ce siècle, dans le Cartulaire du Mont, une charte d’exemption pour les bourgeois de Pontorson : « Ricardus abbas Montis S. Michaelis… noverit universitas vestra quod omnes burgenses de Ponte Ursonis et eorum heredes intra clausinam murorum residentes sunt liberi, quieti et immunes per totam terram nostram et semper fuerunt ab omnni costumia passagio pasnagio in dioeesi Abrinc ». En ce siècle, pour la quatrième année du règne du roi Jean, nous trouvons des lettres de ce prince relatives à Pontorson : « Rex, etc., precipimus tibi quod Stephanus Lastur quarto balistariorum peditum qui sunt apud Pontem Ursonis sicut aliis de Marchia liberaciones suas habere faciat » … « Rex, etc., Senescallo Normannie, etc., mandamus vobis quod de 200 liv. andegav. quas misistis Hugonis de Culunce apud Pontem Ursonis ad firmandam villam et ad milites ibidem tenendos faciatis habere dilecto fratri nostro comiti Sarisberiensi 84 liv. andeg ». Lors de l’attaque de Gui de Thouars sur le Mont-Saint-Michel où, selon Dom Lobineau , « il brûla les tours de bois et de pierre jointes par de bonnes courtines de la même matière », les Bretons, après être allés jusqu’à Caen, furent renvoyés jusqu’à Pontorson par Philippe-Auguste , effrayé du zèle de ses alliés. En 1232, Ranulf , comte de Chester, prit cette ville, la rasa et la brûla. En 1233, le roi l’acquit en donnant des terres à Henri d’Avanjour. Mais le XIVe siècle, celui de Duguesclin et de Clisson, et surtout le XVe furent féconds en événements qui illustrèrent cette place.
C’est à Pontorson qu’en 1379 se rassembla l’armée avec laquelle Duguesclin commença les hostilités contre la Bretagne. Le château de Pontorson fut donné en 1370 à ce même Olivier de Clisson à titre d’engagement pour ce que le roi lui devait : « Donatio Castri et Castellaniae Pontis Ursonis facta domino de Clisson constabulario donec pagatus fuerit ».
En 1379, Beaumanoir se prépara à faire des courses en Normandie : son armée alla jusqu’à Pontorson où le roi de France avait rassemblé des troupes pour les faire entrer en Bretagne ; mais le duc d’Anjou proposa une trêve qui fut acceptée. En 1393, Charles VI sanctionna les privilèges que Henri II et Charles V avaient octroyés à Pontorson.
En 1400, Charles VI envoya le duc d’Orléans à Pontorson pour y conférer avec les seigneurs de Bretagne. Il les reçut dans cette ville et négocia avec eux, mais inutilement, pour obtenir la personne de Jean de Montfort.
Le XVe siècle, l’époque de l’occupation anglaise, est le plus riche en événements pour la ville de Pontorson, sous les murs de laquelle se heurtent les Français, les Bretons, les Anglais, et où le Mont Saint-Michel amasse les gens de guerre et multiplie les rencontres. Dans le siècle précédent, Duguesclin et Clisson s’étaient rencontrés sur le pont de cette place ; le duc de Richemont et son frère le duc de Bretagne s’y rencontrèrent aussi au commencement du siècle suivant. Richemont, celui qui fut connétable de France et qui expulsa les Anglais de Normandie, avait été fait prisonnier à Azincourt, et était resté en captivité jusqu’en 1420. Sur sa parole il vint à Pontorson qui avait été pris par les Anglais en 1419, voir les seigneurs bretons et resta loyal chevalier.
Pontorson avait été pris par les Anglais dès 1417, et ils y avaient établi pour gouverneur Jean de Gray auquel succéda Jean de Mautravers. En 1419, le roi Henri V nomma G. de La Pôle capitaine de cette place et lui donna : « Officium castri et ville de Pontorson ac turrium super pontem ». En 1424, Jean de La Haye, baron de Coutances, défit les Anglais dans les grèves du Mont-Saint-Michel, dans une rencontre que nous avons racontée ailleurs. Pontorson fut repris sur les Anglais en 1426. Le duc de Bretagne alla avec son frère, le connétable de Richemont, assiéger Saint-James, « après avoir, dit dom Lobineau, pris et razé Pontorson occupé par les Anglois ». Alors se livrèrent, dans ses environs, deux combats importants, en 1426 et 1427. Le premier est raconté en détail par le secrétaire du connétable de Richemond, et le second par Monstrelet, qui était contemporain, et Hollingsbed, historien anglais, qui vivait deux siècles après l’événement. Après la bataille de Formigny, Pontorson retomba aux mains des Français. En 1489, le roi de France fit passer en Bretagne, par Pontorson, 5 000 hommes de pied.
Lors des premiers symptômes des troubles religieux du siècle suivant, les catholiques prirent leurs précautions. Matignon écrivait au roi en 1562 : « Dans les troubles du pays, tels qu’ils sont aujourd’hui, il convient de laisser 30 hommes à Pontorson. » En 1570, il demandait encore le même nombre de soldats pour cette place. Mais les événements qui suivirent augmentèrent beaucoup son importance. Dans la première guerre de religion, quand s’unirent en Basse-Normandie Montgomery, Colombières, Brecey et deux gentilshommes Manceaux, Davaines et Deschamps, des partisans leur arrivèrent de toutes les provinces. Un d’eux fut surpris en chemin par la Villarmois, qui lui fit couper les bras et les jambes. Comme on craignait l’entrée des Bretons en Normandie, Davaines et Deschamps s’acheminèrent vers la Bretagne pour couper les ponts du Couesnon et de la Sélune. Montgomery se rendait dans l’Avranchin et Colombières, s’emparait de Coutances.
Dans ces guerres de religion de la fin du XVIe siècle, Pontorson joua un rôle important. Cette ville, boulevard du Calvinisme de Basse-Normandie, en face de la catholique Bretagne, eut pour gouverneurs les Montgomery, et après la paix fut une des places de sûreté laissées aux Protestants. Elle fut assiégée en 1580, et ce siège fut signalé par la mort de Louis De La Moricière de Vicques, le chef des catholiques de l’Avranchin , celui qui avait repris le Mont-Saint-Michel sur les Calvinistes, l’Hector de l’Homère de Poilley. De Vicques avait déterminé le duc de Mercœur, chef de la ligue en Bretagne, à venir assiéger Pontorson qui était à Montgomery, le chef des Calvinistes du pays. La ville fut investie par les deux chefs catholiques du côté de la Normandie, le 20 septembre 1580. Montgomery avait sous ses ordres un capitaine nommé La Coudraye qui avait autrefois servi sous De Vicques. Celui-ci ayant un jour demandé aux assiégés si La Coudraye était avec eux, il parut bientôt et De Vicques voulant lui faire voir un renfort qu’il avait reçu de Saint-Malo, lui proposa de venir dîner le lendemain avec lui. La Coudraye répondit qu’il demanderait la permission au gouverneur. Le jour suivant, De Vicques étant retourné à la tranchée fit demander si La Coudraye était sur les murs : il répondit lui-même, et exigea que De Vicques parlât, afin qu’il pût sur sa parole aller dîner avec lui. Le chef catholique sortit alors de la tranchée, et le capitaine protestant sortit de son côté de ce qu’on appelait alors le Corridor de la Contrescarpe, et se précipita sur son adversaire, qui était devenu son hôte. Celui-ci, surpris, mit l’épée à la main, mais il ne fut suivi que de trois de ses gens, et tous les quatre restèrent sur le terrain, après s’être défendus avec un grand courage. L’épée et le chapeau de De Vicques furent portés en triomphe dans la ville par les assiégés. Dès le lendemain, tous les Normands se retirèrent, et le duc de Mercœur fut obligé de lever le siège quelque temps après.
Après la paix, Pontorson fut une des places de sûreté laissées aux Calvinistes, et, plus tard, une des quatre-vingt-dix-sept que Louis XIII retira de leurs mains. Claude Malingre a gravé les deux tours de son château parmi les images de ces places fortes, en regard de son texte. Aussi, selon Masseville, en 1621, le roi ayant appris que Gabriel Montgomery avait fait fortifier Pontorson, dont il était gouverneur, lui fit proposer de se défaire du gouvernement de cette place en l’en dédommageant. Le comte y consentit, et on y établit Blainville. En 1627, après la prise de La Rochelle, Louis XIII fit démolir les fortifications. En 1636, Pontorson fut le théâtre des excès des Nu-Pieds, qui y renversèrent la maison de S. Genys.
Un gentilhomme de Pontorson, un Godefroi de Ponthieu, fut gratifié par Louis XIV des droits honorifiques de l’église paroissiale qui était du domaine royal, droits dont ses successeurs ont joui jusqu’à la Révolution. Il avait sauvé la vie du roi et des princes que leurs chevaux emportaient sur le pont de la Fère. Il s’était élancé et avait coupé les traits à coups d’épée. On a remarqué que, sans lui, la branche aînée des Bourbons aurait été détruite. Sous ce prince fut établi le camp dit de Pontorson : il était fort de 8 000 hommes que commandait le frère du roi, Philippe de France, et il était destiné à la surveillance des côtes de Bretagne et de Normandie.
En 1793, Pontorson vit passer et repasser l’émigration vendéenne. A son retour du siège infructueux de Granville, elle fut attaquée à l’entrée de cette ville par les républicains qui furent défaits. Nous avons raconté ailleurs cette bataille qui se termina dans les rues de Pontorson. Limite de la Normandie, Pontorson, dans la période révolutionnaire, fut un centre autour duquel se livrèrent beaucoup de combats de partisans et de chouannerie, et un lieu de sûreté où quelques familles des campagnes cherchèrent un asile. En 1815, lorsqu’on eut à craindre que ces guerres ne recommençassent, c’est à Pontorson que fut arrêté par un homme courageux le général d’Autichamp et plusieurs gardes-du-corps.
Dès-lors Pontorson n’a plus d’histoire. Chef-lieu de canton, avec le titre de ville, elle jouit de tous les éléments de l’administration contemporaine, ne se distinguant des autres localités de même ordre que par son célèbre hospice d’aliénés. Elle n’a guère conservé du passé que ses armes qui sont la peinture de son site avec de nobles attributs : « De gueules, au pont de trois arches d’argent, à la rivière de sable, sommé d’un écusson du même, semé de neuf fleurs de lis d’or et accosté de deux cygnes ».
A Pontorson, près de l’église, est né en 1764 un homme, qui appartient plus à la Bretagne par ses ouvrages et sa vie qu’à la Normandie, l’abbé Manet, qui fut chef d’institution à St-Malo. Ses principaux ouvrages sont : « l’Histoire de la Petite-Bretagne », et un livre érudit couronné par la Société de Géographie : « De l’Ancien État de la Baie du Mont Saint-Michel », dans lequel la topographie bretonne a la plus grande part. L’auteur est le principal partisan de la forêt de Scicy, thèse hasardée à laquelle il a consacré une érudition estimable, mais étrangère aux sources antiques et originales. Il légua 100 fr. de rente aux pauvres de sa ville natale.
L’église est une antique demeure, vouée à Notre-Dame (située Place de l’Église) ; elle est peut-être de l'an 1010, car il y aurait une pierre gravée avec la mention « MX » au niveau d'une fenêtre ou d'une tour. L’édifice se compose de styles divers : pur roman, roman de transition, gothique du 13e et gothique du 15e.
Sa construction a connu plusieurs étapes :
1. Entre 1050 et 1120 : le chœur, les croisillons et les bases de la tour. Le vitrail du chœur, situé à droite de l’ancien autel, rappelle l’heureux passage du Couesnon par ses hommes en danger d’enlisement.
2. De 1120 à 1150 : la nef avec ses demi-colonnes engagées dans les murs, ses travées carrées et croisées d’ogives à la voûte auxquelles se rattachent les pignons de l’Ouest et les trois portails.
3. En 1220 : l’autel primitif situé au fond du chœur daterait de cette époque. Il serait contemporain au cloître gothique du Mont-Saint-Michel. C’est une simple table de granit posée sur une pierre d’angle et deux colonnettes. Le tabernacle est placé à gauche de l’autel, creusé dans le mur du chevet. Il est fermé par une belle grille en fer forgé, de même que l’armoire oblongue qui l’avoisine et qui sert maintenant de reliquaire. A droite de l’autel primitif, le vitrail est une reproduction d’un fragment de la tapisserie historique de la Reine Mathilde, conservée au musée de Bayeux . À l’intérieur de la nef, resplendissent quelques chapiteaux animaliers à peine indiqués, mais très beaux. Les dalles de granit que l’on foule sont des pierres tombales provenant de l’ancien cimetière qui entourait autrefois l’église (certaines sont datées).
4. De 1381 à 1418 : concerne la partie gothique. On perce la grande fenêtre du chœur afin d’obtenir plus de clarté dans l’édifice. On procède ensuite de même dans les croisillons Nord et Sud. On surélève le pavé du chœur et on aménage une gracieuse crédence pour la desserte du maître-autel.
5. Vers 1400 : on construit la chapelle Saint Jean, parallèle au chœur, avec lequel elle communique par une arcade gothique. En 1402, le seigneur Robert MONFLARD et son épouse font sculpter le magnifique retable qui ornemente le fond. Taillé dans la pierre blanche, il retrace en 22 compartiments la « Passion du Christ et sa Résurrection ». Au moment des guerres de religion et lors de la Révolution a eu lieu une mutilation systématique de toutes les têtes des personnages. Ce fut une splendeur, à en juger par les vestiges qui demeurent. Les Pontorsonnais l’appelaient le « Retable des Saints Cassés ».
6. En 1627 : on édifie le beffroi gothique, clocher « à bâtière » bien Normand, qui ne sera achevé que cette année-là. Deux chapelles ogivales flanquent la nef au Nord et au Sud.
7. En 1853 : à l’entrée du transept gauche se trouve le lutrin à l’aigle impérial, en bois sculpté et doré. Il a été fait par Piel, à Martigny.
8. Vers 1700 : une Vierge en bois du XVIIIe, vénérée sous le vocable de Notre-Dame, située dans la petite chapelle Nord, au-dessus de l’autel, mérite aussi d’être remarquée. Elle échappa à la mutilation pour avoir été coiffée du bonnet phrygien par un astucieux bourgeois de la cité, qui la présenta aux « sans culottes » comme Marianne, la personnification vénérée de la première République.
La porte d’entrée Sud est ornée en son tympan d’une sculpture dont la signification reste à ce jour encore à découvrir. Certains historiens y ont vu la fable de Prométhée ? Pélican ? On ne sait !
La façade Ouest, flanquée de deux tourelles romanes avec sculptures variées, est unique en Europe, au dire des archéologues. Commencée en 1974, la restauration intérieure de cet édifice a été achevée au mois de mai 1976.
Situé entre les rues du Prêche et Montgomery, le culte protestant fut introduit à Pontorson en 1590 par Gabriel II de Montgomery, le seigneur ayant réussi à s’emparer de la ville face aux ligueurs. Le culte protestant fut célébré dans cet édifice de plan rectangulaire jusqu’au début du règne de Louis XIII, époque à laquelle il fut interdit suite aux nombreux troubles intervenus entre catholiques et protestants.
Il a été récemment inscrit sur la liste supplémentaire des Monuments Historiques. Il est fort probable que ce bâtiment ait connu un autre usage avant de devenir temple protestant. L’église étant proche, on pense qu’il aurait pu s’agir d’une ancienne grange à dîme. D’autres pensent qu’il pourrait être une chapelle du prieuré de Pontorson.
Le premier pont fut vraisemblablement édifié vers 1030 sous les ordres d’un capitaine nommé Orson. Mandaté par le duc de Normandie Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant (1027-1087), Orson fonda ainsi une ville sur les bords du Couesnon. C’est du nom de ce capitaine et de son œuvre que vient l’origine du nom « Pontorson ».
Jeté sans doute sur un gué romain, où Duguesclin et Clisson s’embrassèrent, où Richemont et son frère, le Duc de Bretagne, se rencontrèrent, ce pont, témoin de tant de prouesses. S’il avait trois arches au Moyen-Âge, il en a six maintenant. Il était en bois en 1698, selon la Statistique de M. Faucault pour cette époque. Jeté hors de l’axe de la route, il semble, comme d’autres ponts de l’Avranchin, destiné à la battre en flanc. Il est décrit dans le Traité de la construction des ponts, avec ces notes : « Pi. cint. 6 arches de 3.6 à 4.4 d’ouverture. Ancien. Largueur 6.1. Total des ouvertures : 22.9. Surface du débouché : 17 ».
Curiosité de la ville (1 Rue du Dr Bailleul), cette citerne construite vers 1900 a une apparence trompeuse puisqu’elle est faite, non pas en bois, mais en béton armé sculpté. Située sur le côté d’un bâtiment de communs, elle est coiffée d’un toit qui peut rappeler ceux des kiosques tandis que son décor s’inspire de l’univers végétal. Sous le réservoir, on aperçoit encore une rocaille dans un petit bassin d’où jaillissait autrefois de l’eau.
Il fort probable que cette citerne fut alimentée par la source de la Guimbarde, en effet, celle-ci passait devant cette citerne, sous le trottoir.
Dite aussi la « Maladrerie », on connaît son emplacement actuel mais il ne reste rien de cet édifice hormis un portail fleuri. Le portail porte les ornements du XVIe siècle, qui se distinguent assez bien de ceux du XVe par l’ampleur des formes, en particulier des formes végétales. On sait que celle-ci existait au XIIe siècle, car un seigneur de Boucey qui se fit moine du Mont-Saint-Michel, rendit une charte, qui indique entre autre : « …Pour cela, je donnai de mon fief quatre acres de terre. Mon neveu Richard CARDON consentit à ce don, il le confirma de sa main et déposa la charte sur l’autel de Saint-Nicolas dans la chapelle de Pontorson, avec le livre de la messe. ».
La porte, décapitée aujourd’hui, était probablement en cintre : elle est flanquée de deux pignons à pinacles épanouis en crosses végétales, et couronnée d’une arcature en accolade dont le sommet s’étale en croix foliée. Sur le clocheton de gauche est sculpté un agneau, symbole du bien et sur celui de droite, un dragon, symbole du mal. Ce joli portail fait vivement regretter la perte de la chapelle. Cette chapelle était une maladrerie. Fort peu de documents en parlent ; mais nous trouvons dans le Pouillé du Diocèse, fait en 1648 : « La maladrerie de Pontorson, de fondation Royale, ayant pour patron le grand aumônier de France, rend 2 000 liv ».
La maison Guischard de la Menardière, dite « Maison romane » est située dans la 34-36 rue Saint-Michel, il subsiste des doutes sur ses origines et sa datation. Certaines parties remonteraient aux XIIe-XIIe siècles mais la grande part de la construction serait des XIVe et XVe siècles. Elle sera remaniée aux siècles suivants à divers endroits. Sa façade rythmée par des arcades a été superbement préservée. Au XVIIIe, la maison est occupée par la famille GUISCHARD, qui donne son nom actuel à la maison. Il y a encore des zones d’ombres au sujet de la fonction première de cette construction. On pense qu’il s’agissait peut-être de l’hôpital de Pontorson. L’église étant toute proche, cela n’aurait rien d’étonnant mais cela reste de l’ordre de la supposition.
Un comble en ardoises, fort aigu, avec rampants de granit, apporte la marque des XVe et XVIe siècles. Les élégantes souches de cheminées datent du XVIIIe siècle. Quand il n’y avait qu’une unique et même demeure, il existait un escalier monumental que l’on pouvait gravir à cheval. Sous Louis-Philippe, l’intrigante façade fut dissimulée en totalité derrière des plâtres badigeonnés à la chaux et des imitations de granit. Avant 1851, selon un témoin, la galerie était divisée en échoppes. Un maréchal-ferrant travaillait dans l’une de celles-ci. De 1851 jusqu’en 1925, à l’époque où ces faux décors furent étés, nul ne pouvait soupçonner la colonnade ou la galerie. Le tout avait été recouvert d’une fausse façade qui en supprimait les reliefs.
Du jardin, on peut apercevoir une inscription sur le linteau de la porte, elle date du temps où il y avait une seule et grande maison, il s’agit de l’inscription de la famille GUISCHARD en 1719. La façade de l’hôtel est celle d’une très plaisante habitation du XVIIIe siècle, gaie, largement percée de belles fenêtres. Ces dernières, ornées de balcons en fer forgé, sont de style Régence.
Le Séquoia (Sequoiadendron giganteum), qui se trouve Rue Ambroise Pincé à près de 250 ans. Il a été importé par les bourgeois de la ville au XIXe siècle.
Aujourd’hui, c’est un « Arbre remarquable » classé par le CAUE de la Manche .
Entre 1590 et 1628, Pontorson fut une place forte protestante. Gabriel Ier de Montgoméry , chef de file du protestantisme, fut nommé gouverneur de la ville après en avoir pris possession en 1590. Le démantèlement de la forteresse de Pontorson et de son château eu lieu à partir de 1623, sous l’ordre de Louis XIII.
Il a aujourd’hui complètement disparu, détruit au XVIIe siècle par la sape et la mine. On sait néanmoins grâce aux recoupements des plans anciens et du cadastre Napoléonien où il se situait. À son emplacement, dit « Le Colombier – Secteur actuel du Boulevard Clemenceau / Rues Wassenberg et Grenouillère » on retrouva des pierres sculptées. Un des vestiges du château se situe aujourd’hui dans le jardin public. Il s’agit d’un contrepoids de pont-levis.
« La Forteresse étant tournée avec son donjon en défense principale au Sud-ouest, contre la Bretagne (…) La puissance du donjon résidait dans sa hauteur au moins 60 pieds (18.3m) et dans sa carrure : un appareil quadrangulaire en blocage de 40 pieds (12.2m) d’épaisseur qui renfermait 3 étages en surface et 2 en sous-sol. La grande salle qui servait d’auditoire occupait le premier. Au deuxième (…) la chambre du gouverneur au troisième (…) les enfants et les hôtes (…) Sous-sol, magasin et prison. (…) un perron et une guette en encorbellement au sommet viendront dans la suite compléter l’ensemble.(…) Les murs d’enceinte avec leurs revêtements furent solidement appareillés. Dans l’épaisseur de la muraille couraient des chemins de ronde, mettant en communication les tours et les courtines. Le tout sera hourdé au début du XIIIème siècle. Le plan de 1616 laisse encore apparaître les anciens plans de l’ancienne ville médiévale, les 4 rues principales qui convergeaient à l’ouest sur la porte Saint-Michel donnant accès sur un pont-levis enjambant une déviation du Couesnon à l’Est l’accès piétonnier n’était possible que par la porte de Bretagne ouvrant sur le baille arrière du château qui en commandait l’accès. Cette paterne qui se dressait à la hauteur de l’actuel hôtel Du Guesclin à cent mètres environ à gauche du passage à niveau de la voie ferrée donnait accès à la rue Notre Dames qui conduisait à l’Eglise. (…) Le cimetière (autour de l’église) ne disparaîtra qu’au milieu du XIXème siècle lorsque sera percé l’axe transversal (route de Beauvoir) laissant à droite le nouveau cimetière. De ce côté se voyait la porte de CAUGÉ, en direction du Mont. »
Le Maire de Pontorson en 1809, a fait extraire de très belles pierres pour servir à la construction d’un pont à portes de flot, situé sur le chemin vicinal de Saint-Georges-de-Grehaigne, à l’endroit où il est croisé par le canal de dessèchement du marais du Mesnil. Postérieurement à 1809, les maisons des sieurs Le Sénéchal et Allendy ont été en partie construites avec des matériaux provenant des fondations de l’ancienne forteresse. Ces fouilles ont procuré l’occasion de reconnaître l’existence de construction souterraines établies avec des pierres dont la taille était très-soignée.
Ces remparts furent élevés par Henri II, Roi d’Angleterre en 1157 (« De l’état ancien et de l’état actuel de la baie du Mont Saint-Michel », Abbé François MANET (né à Pontorson le 15 janvier 1764), Page 131). Dans l’annuaire du Département de la Manche de 1830, il est indiqué : « Le connétable de Richemont fit fortifier Pontorson en 1426 ; Gabriel Delorge, comte de Montgommery, le brûla en 1573. ».
À la suite des luttes qui déchiraient le pays, Henri IV et Louis XIII, d’accord avec les Parlements, voulant assurer la paix entre catholiques et protestants, avaient demandé et obtenu la démolition du château et des fortifications urbaines, qui seraient restés comme une menace pour l’avenir. C’est ainsi que le château et les remparts furent démantelés de 1623 à 1625.
Jean DE BRUC DE MONTPLAISIR se rendit à PONTORSON et eut une première entrevue avec Jean DE ROLLAY, sieur de BOELOE, un des quatre capitaines des gardes du Roi, auquel avait été confiée la garde du château. Il trouva les habitants de PONTORSON peu disposés à laisser détruire leurs fortifications ; aussi en écrivit-il au Roi pour l’avertir qu’ils s’y opposaient avec menaces, mais qu’ils étaient résolus de venir à bout de tous les obstacles.
Sous prétexte de démolition, les commissaires voulurent exercer des exactions sur les habitants ; mais les paroisses, de leur côté, adressèrent aux Etats des réclamations qui leur firent rendre justice. Les paroisses situées à huit lieues à la ronde de PONTORSON furent seules contraintes d’envoyer des hommes pour y travailler.
Après entente avec le procureur-syndic des Etats de Normandie, la part de la Bretagne, dans cette démolition, fut fixée aux deux tiers environ, et comprenait spécialement sept grosses tours, deux porteaux et quelques casemates. Quant au château, comme il ne pouvait être détruit qu’au moyen de la sape et de la mine, il fut décidé que l’entreprise en serait confiée à un ingénieur, et Jean DE MAUBUISSON fut choisi à cet effet, moyennant une somme de 13 600 livres.
Les travaux durent commencer immédiatement et ils se poursuivirent jusqu’à la fin de l’année 1625 ; car, d’une part, nous trouvons à la date du 28 février 1624 un procès-verbal dressé par Monsieur D’ANDIGNÉ, conseiller à la Cour, « sur les démolitions faites et à faire » ; et, d’autre part, une pièce nous apprend qu’au mois d’octobre 1625, cinquante-cinq paroisses travaillaient encore et fournissaient environ 2 500 ouvriers.
Ajoutons enfin que les Etats de Bretagne votèrent au Roi une somme de 300 000 livres pour les frais de cette démolition et pour indemniser le Seigneur de MONTGOMMERY, alors gouverneur de la ville.